Proverbe du jour.
Dans une époque de Ténèbres un aveugle est le meilleur guide.
Dans une époque de Démence, regardons le fou nous montrer la voie.
Physiologie de la douleur
Comment cela se passe-t-il à partir d'une lésion ou d'un traumatisme ?
Déclenché par une stimulation - mécanique, thermique ou chimique -, le message douloureux est un influx nerveux (sorte de courant électrique) généré par des récepteurs répartis dans le corps. Il est ensuite transmis et modulé tout au long de son trajet dans les fibres nerveuses, avant d'être perçu et interprété par le cerveau.
Mais tout cela est beaucoup plus complexe dans le détail. En effet, il existe plusieurs sortes de fibres nerveuses, à savoir 3 sortes :
- les unes de gros calibre (fibres A Alpha Bêta), entouré d'un manchon de myéline (gaine blanche, comparable à celle qui protège les fils du téléphone, qui a un rôle accélérateur dans la transmission de l'influx nerveux), conduisent très rapidement des informations sensorielles telles que la sensation de chaud, de froid ou de pression.
- d'autres plus fines (fibres A Delta), mais également gainées de myéline, dix fois moins rapides que les précédentes ne répondent qu'à des stimulations mécaniques (pincements, piqûres) ou thermiques.
- d'autres fibres encore (fibres C), celles-là très fines et non gainées de myéline, c'est-à-dire conduisant l'influx nerveux nettement plus lentement, vont répondre à diverses stimulations nociceptives (thermiques, mécaniques, chimiques) dans la mesure où elles sont suffisamment intenses.
Et c'est en raison de l'insuffisance de myélinisation des fibres nerveuses du nouveau-né et du petit nourrisson qu'on a longtemps pensé qu'il était relativement insensible à la douleur alors que les fibres C existent dès la vie foetale et ne s'entoure jamais de myéline.
Cette notion neurophysiologique a permis de balayer cette croyance erronée.
Les récepteurs situés au niveau de la peau, des muscles et de certains organes d'où vont partir les messages douloureux, sont appelés nocicepteurs. La fibre nerveuse qui conduit l'information nociceptive va faire relais au niveau de la corne postérieure de la moelle épinière avec une autre fibre nerveuse cheminant jusqu'à des structures nerveuses situées à la base et au centre du cerveau (tronc cérébral et thalamus) avant d'être relayée une dernière fois vers le cortex cérébral où le message nociceptif va être interprété de façon consciente comme douleur.
A chaque relais, interviennent des substances chimiques appelées neurotransmetteurs et neuromédiateurs, facilitant le passage du message ou le modulant.
Une théorie a révolutionné la compréhension de la modulation du message nociceptif, la théorie du Gate-control ou théorie du portillon (Wall et Melzack en 1965) qui a montré que la stimulation des fibres transportant des informations tactiles pouvait diminuer la circulation des informations douloureuses, en les prenant de vitesse (en les court-circuitant au niveau du relais médullaire), ce qui explique qu'en se frottant une zone traumatisée ou brûlée par exemple, on puisse atténuer la douleur provoquée. Ceci, bien entendu, intervient pour des douleurs de faible ou de moyenne intensité.
Par ailleurs, la découverte en 1973 de l'action de la morphine sur des sites spécifiques (récepteurs opiacés) du cerveau, de la moelle épinière et des terminaisons nerveuses, a conduit à identifier des substances analogues de la morphine fabriquées par notre propre organisme et pouvant agir sur les mêmes récepteurs opiacés : les endorphines ou morphines endogènes qui contribuent au contrôle de la douleur, sauf débordement par un message nociceptif trop intense.
Comme nous l'avons dit précédemment les fibres nerveuses font synapse (liaison) avec des neurones (cellules nerveuses) du thalamus qui se projettent ensuite dans les zones appropriées du cortex cérébral. Au sein du thalamus se trouvent différentes structures ou noyaux qui ont un rôle à jouer dans la conduction des messages nerveux tant sur le plan de la discrimination des sensations , de leur localisation que de leur teinte émotionnelle ou affective. Ce qui explique la majoration de la douleur par l'anxiété, par l'angoisse de séparation, par l'état psychologique du moment.
L'expression "c'est dans la tête que ca se passe" pour exprimer la connotation péjorative d'une douleur qui ne serait pas réelle, puisque psychique, doit être bannie, parce que c'est le cerveau qui traduit le message nociceptif parvenu jusqu'à lui en douleur. Que la douleur soit physique ou non, c'est donc toujours dans la tête (le cortex cérébral) qu'elle est ressentie.